On parle du film « Le Tata Paysages de pierres »

Entretien avec Eveline Berruezo


Eveline Berruezo auteure décrit le contexte historique du Tata, et parle des massacres des Tirailleurs Sénégalais en France et à Thiaroye au Sénégal.


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Entretien avec Patrice Robin


Patrice Robin, réalisateur, s’exprime sur la portée historique et symbolique du cimetière le Tata.
Il s’interroge sur les enjeux de ce lieu de mémoire.
 

 

Les réactions


Un long travail a été nécessaire pour recueillir les témoignages, faire resurgir des émotions… Le documentaire de Patrice Robin et Eveline Berruezo, le Tata (1992) a été montré dans quelques festivals mais est resté censuré depuis quinze ans sur les chaînes publiques françaises.

Le Monde


L’absence de commentaire confère à ce documentaire, réalisé en 1992 […], une portée à la fois distante, violente et brutale, surtout à l’évocation des massacres.

Les Oubliés de la République, A. Le Drollec, Le Nouvel Observateur
 

Cadre resserré. Lumière naturelle. Ce cinéma regarde son sujet au plus près. Et de cette simplicité naît une émotion brute. […] En cinéaste humaniste, il se fait virtuose de l'indicible en posant sa caméra là où les mots sont prisonniers d'un tabou de l'histoire : le massacre des derniers combattants africains du 25e Régiment de Tirailleurs sénégalais, les 19 et 20 juin 1940, à Chasselay (Rhône). […] Il aura fallu des électrochocs comme le film de Patrice Robin pour réveiller les consciences.

Tirailleurs sénégalais : les héros du 20 Juin 1940 réhabilités par le cinéma, F. Roussel, Le Progrès
 

Il y a le « massage de mémoire », auquel se livrent la plupart des documentaires sur le dernier conflit mondial, et le « travail de mémoire », qui prend tout son sens quand il ne se contente pas d’enfoncer des portes ouvertes. C’est précisément le cas de cet exercice de micro-histoire lourd de sens. […] En se concentrant sur la seule parole des survivants, il magnifie une culture évanouie que la télévision de jadis partageait avec l’Afrique éternelle : la tradition orale et son faramineux pouvoir d’évocation.

Le Tata, A. Perraud, Télérama


« Je sais pourquoi ce film ne passe pas sur les télés… »

Sembene Ousmane, réalisateur du film Camp de Thiaroye
 

Si le sujet peut paraître au départ fort éloigné de la Belgique, il force cependant à un travail de mémoire et n’en pose pas moins des questions plus générales sur l’attitude d’un pays vis-à-vis de ses colonies, sur le rapport blanc/noir, sur la notion de patrie…

Médiathèque de la communauté française de Belgique
 


Le « Tata » de Chasselay est ainsi une terre africaine en pays lyonnais…. Eveline Berruezo et Patrice Robin partent en quête de témoignages sur la présence de ces soldats dans la région lyonnaise. Certains décrivent des scènes d’amitiés ou d’horreurs, vécues avec ces soldats venus d’ailleurs. D’autres évoquent le besoin d’une meilleure reconnaissance, aux vues des services rendus à leur patrie de cœur.

africultures.com


A ma connaissance c’est le seul film, l’un des rares films en tout cas, qui parle de l’engagement des troupes noires durant la campagne de France (10 mai-25 juin 1940). Le film de Patrice Robin soulève nombre d’interrogations qui sont le point de départ d’une information et d’une réflexion sur la France, sur l’Allemagne et sur l’Afrique. Le titre du film lui-même est mystérieux et désigne justement la trace d’un événement longtemps effacé de la mémoire officielle.

Emmanuel Thiébot, historien au Mémorial de Caen